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Disparition de Fabrice Rappaport

Disparition de Fabrice Rappaport

Membre du laboratoire de Physiologie Membranaire et Moléculaire du Chloroplaste (UMR7141), notre collègue Fabrice Rappaport nous a quitté le mardi 12 Janvier 2016 à l’âge de 49 ans.

Fabrice Rappaport nous a quitté le mardi 12 Janvier 2016 à l’âge de 49 ans. Il avait débuté sa carrière scientifique en 1991 dans le laboratoire de photosynthèse de l’Institut de Biologie Physicochimique. Par l’originalité et la rigueur de ses approches expérimentales et théoriques, il s’est rapidement imposé comme un acteur incontournable dans notre communauté nationale et internationale. Tout d’abord concerné par l’étude du photosystème II,  complexe protéique impliqué dans la formation de l’oxygène, il a progressivement étendu son domaine d’investigation à l’ensemble des complexes majeurs impliqués dans le processus photosynthétique tout en s’intéressant aux différentes échelles d’intégration, approche indispensable pour comprendre le fonctionnement de cette machinerie particulièrement complexe.

Dès son arrivée dans notre laboratoire, Fabrice a démontré une remarquable motivation pour l’intérêt collectif. Sa compétence et ses qualités humaines lui ont permis d’assurer avec succès la formation et l’encadrement de nombreux jeunes chercheurs tout en s’engageant dans de multiples collaborations à l’intérieur ou à l’extérieur du laboratoire. Son ouverture d’esprit exceptionnelle et sa capacité à s’impliquer dans des approches multidisciplinaires expliquent pourquoi il était en permanence sollicité par de nombreux collègues pour engager des collaborations sur des sujets extrêmement variés. Les nombreux hommages reçus ces derniers jours de France et de l’étranger témoignent du rayonnement de Fabrice dans la communauté internationale.

 La richesse et la diversité des sujets abordés par Fabrice rendent difficile de donner un aperçu  significatif de ses nombreux apports au progrès de sa discipline. Au cours de sa thèse de doctorat, Fabrice a apporté une contribution majeure quant au mécanisme de formation d’oxygène se produisant au sein des organismes photosynthétique, processus qui joue un rôle déterminant dans les équilibres biologiques à la surface de notre planète. Il a ainsi caractérisé le couplage entre les transferts d’électrons séquentiels et la libération de protons qui accompagnent le processus d’oxydation de deux molécules d’eau conduisant à la libération d’oxygène. Tout au long de sa carrière Fabrice a poursuivi des recherches sur le Photosystème II. Ainsi, sur la base d’une analyse cinétique sophistiquée des processus de recombinaison de charges, il a fait progresser notre compréhension des processus primaires de séparation de charges. Fabrice s’est également intéressé aux processus de transfert d’électrons se produisant au niveau du complexe photochimique I. Il a abordé l’étude des relations entre la symétrie que révèle la structure de l’hétérodimère constituant ce complexe protéique et l’asymétrie fonctionnelle analysée sur la base des cinétiques mesurées au niveau des deux chaines de transfert d’électron que comporte ce centre photochimique.  Un troisième domaine de recherche a concerné le complexe cytochrome b6f, impliqué dans les transferts d’électrons entre les deux photosystèmes. L’association d’approches biophysique, structurale et de biologie moléculaire a permis de mieux caractériser un hème c, transporteur absent dans le complexe homologue, le cytochrome bc mitochondrial, et dont le rôle reste encore mal compris. L’hème c apparait ainsi comme un élément clef permettant au cytochrome b6f de participer au processus cyclique de transfert d’électron dont la vocation est exclusivement la formation d’un gradient électrochimique de protons. Le dernier domaine de recherche que je voudrais évoquer ici concerne l’analyse des régulations de l’activité photosynthétique sous l’effet de modifications environnementales, domaine de recherche auquel Fabrice a consacré une part importante de son activité  la plus récente. Parmi les résultats les plus significatifs obtenus, je citerai l’analyse de l’ensemble des perturbations structurales et fonctionnelles observée chez Chlamydomonas lors de la transition depuis des conditions aérobiques vers des conditions anaérobiques.

 La disparition de Fabrice Rappaport représente certainement une perte majeure pour la communauté scientifique internationale travaillant sur les organismes photosynthétiques mais je suis certain que ses collègues auront à cœur de perpétuer l’exemple que nous a donné ce chercheur  exceptionnel.

 

Pierre Joliot

Paris le 15 Janvier 2016

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